mercredi 19 août 2009

Gaël m “Fuck America”…


Vous ne le saviez peut-être pas, et pourtant c'est important…
Fante et Bukowski ont eu un enfant. Il s'appelle Edgar Hilsenrath. Et Edgar, eu égard à ses prestigieux géniteurs, a eu la bonne idée d'écrire une petite merveille de 296 pages répondant au doux nom de “Fuck America”. Bon, d'accord… mais pourquoi Fuck l'Amérique ?…
Fuck l'Amérique parce que Jakob Bronsky hérite d'une carte verte demandée par son père qui sentait les nazis se rapprocher, mais qu'un obscur consul lui avait refusée au nom des sacro-saints quotas…
Fuck l'Amérique parce qu'en 1952 on trouvait plus de clodos, de paumés, de putes et de maqueraux à Times Square que d'écrans lumineux à la gloire de Sony ou Budweiser…
Fuck l'Amérique parce que le pays de la liberté ressemblait déjà plus à une jungle qu'au paradis promis ou rêvé…
Fuck l'Amérique parce qu'aucun éditeur n'accepte de publier un auteur écrivant la nuit dans une caféteria juive à l'angle de Broadway et de la 86ème…
Fuck l'Amérique parce qu'ici il est difficile, voire impossible, d'obtenir un rendez-vous avec une dame, si laide et vieille soit elle…
Fuck l'Amérique parce que les histoires d'amour de Jakob se résument donc à des branlettes sous la couette avec le cul d'une secrétaire comme unique horizon sentimental…
Fuck l'Amérique parce que l'on est souvent contraint de piller le frigo de son voisin et de mendier des jobs de merde pour survivre…
Fuck l'Amérique parce que le pays de l'oncle Sam reste sourd aux “problèmes d'un écrivain allemand d'origine juive dans un pays étranger, un pays que je ne comprends pas et qui ne me comprend pas”…
Fuck l'Amérique parce que 60 ans après, rien n'a fondamentalement changé. On peut vivre aux US à condition de ne pas être un looser…
Fuck l'Amérique parce que, quoiqu'on en pense et quoiqu'on en dise, la terre de Steinbeck, Hemingway et consorts n'en finit pas de nous faire rêver…
Et fuck l'Amérique parce que s'il n'en avait pas autant chié, Hilsenrath n'aurait peut-être pas écrit à l'heure qu'il est la première ligne de “Fuck America”…
Bref, incontournable et fondateur.
À déguster sans modération avec une root beer Domont's achetée au coin de la 8ème et de la 45ème

“Fuck America”, Edgar Hilsenrath, éd. Attila,
19,00 €.

http://gaelmoupas.blogspot.com

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